mercredi 3 décembre, 19 heures : première
des Pingouins ! au théâtre. Du haut de leurs boîtes
de sardines escaladées à la force des palmes, les
trois humains-pingouins s'élancent dans la foule des passants
de l'avenue Gambetta. sous les néons rouge-rose, qui s'arrêtênt,
bouche bée, devant les drôles de comédiens
enfourrurés qui leur ressemblent pourtant. Jusqu'à
"la direction", sous toque, qu'on croit reconnaître,
non ? Le spectacle se prolonge dans le hall du théâtre,
à la suite du petit castelet cache-palmes construit par
Bernard. La mariée rousse dans son nuage pleure, rit, on
retrouve Mike et Desty et leurs trois autres frères plus
fêlés les uns que les autres. A la fin, une dame
me dit, bras étonnés, encore émue : "c'est
drôle, et c'est triste à la fois !" merci madame,
c'est ça le théâtre, pour moi. Une autre pointe
du doigt le fait que joué ainsi, on ne comprend pas la
fragmentation, l'épisodage volontaire et en attente de
suite… demain, on invente au vol, les épisodes seront
marqués sur une ardoise qu'Anna passera.
Jeudi 4, 18 heures : toujours plus loin, toujours plus fort, Pingouins
! au Monoprix ! Un peu plus bas dans l'avenue Gambetta, on prend
les mêmes et ils recommencent (c'est ça le théâtre
aussi !) avec un autre public en pleines courses, de retour du
boulot, de garderie… Dehors, encore, Mike peau d'ours blanc
et Desty sa soeur-pingouin posent leurs questions existentielles
sous un néon différent, puis on les suit dedans
retrouver Louise qui erre au rayon textile-vêtements. Une
mère s'arrête avec deux enfants qui vont vite s'asseoir
sur les quelques chaises bleues en demi-cercle, rejoints par deux
femmes, un couple, tous âge, le directeur himself dans son
costume vert… Pari réussi. Canicule, émotions,
vernis à ongles, chansons : il suffit d'un instant, même
en passant, même dans un supermarché, pour partager
le bonheur du théâtre avec ceux qui l'y ont apporté.
A suivre !
Première livraison de spectacles
baladeurs !
Depuis le début du mois de novembre,
les trois comédiens associés ont entre les mains
les sept premières scènes du spectacle baladeur
que le théâtre a commandé à Karin Serres.
Ça s'appelle "Pingouins !".
Depuis, entre tournée de Petit et ateliers, les trois comédiens
répètent d'arrache-pied pour être prêts
à vous les jouer dès le 3 décembre, au théâtre
mais aussi et surtout dans le quartier, au Monoprix-Pelleport,
au nouveau local des Ateliers de ménilmontant les Noyaux
rue des Panoyaux et jusqu’à l’IUFM av des Batignolles
, … puis la troupe vous invite à chaque fin de représentations
à partager vos sentiments sur ce spectacle itinérant
et à faire connaissance autour d’en verre
Une seconde partie de spectacle suivra de janvier à mars
2004, née de vos émotions, questions et réflexions
et de celles de comédiens qui vont donner vie à
ces personnages inventés mais néanmoins vos voisins,
profondément implantés dans le quartier.
Les spectacles-baladeurs
Spectacles brefs et destinés à être joués
« partout » (café, bibliothèque, salle
de classe, salle de bal, lieu de travail…) ils permettent
de rencontrer les gens en leur offrant un moment de théâtre,
d’aller vers eux pour leur donner l’envie de venir
vers nous. Ceux qui viennent au théâtre et ceux qui
n’y viennent pas encore.
L’histoire
« Depuis cette nuit tout a changé : depuis cette
nuit où nos pieds ont poussé de trente centimètres
à peu près, et se sont palmés. Comment continuer
à mener nos vies de caissières, de livreuses de
pizza, de scientifiques, de chômeurs, de rappeurs…
avec ces palmes à la place de nos pieds ? »
La commande
“Pingouins !” m’a été commandé
par le Théâtre de l’Est parisien en juin 2003
pour ses trois futurs comédiens engagés toute l’année.
La commande spécifiait que ce devait être «
un texte baladeur », à savoir le texte d’un
spectacle qui devrait sortir du théâtre, aller se
jouer dans d’autres lieux du quartier. Je suis tombée
sur une photo représentant quatre pingouins traversant
une grande rue… et tout s’est déclenché.
J’ai donc écrit des scènes indépendantes
les unes des autres, mais jouables aussi ensemble, autant d’instants
d’un univers étrange pourtant profondément
ancré dans le présent de ce quartier. Les personnages
sont des habitants imaginaires des alentours de l’avenue
Gambetta auxquels Anne, Stéphanie et Bastien prêtent
aujourd’hui leurs traits, leurs corps, leur voix et toute
leur énergie passionnée. Leur mise en scène
partagée tisse plus de liens encore entre les différentes
scènes que vous verrez, et je rêve de leur et de
vous écrire la suite, dans quelques mois, des ces premiers
“Pingouins” qu’ils viennent de créer.
Karin Serres Le 23 novembre 2003