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Lettre aux adultes - Catherine Anne
Aujourd’hui en France, la grosse majorité de compagnies fabriquant
et interprétant les spectacles de théâtre dépend
d’un régime spécifique d’allocations chômage
dit des intermittents.
Je ne me demande pas si je suis solidaire d’eux, comme je ne
me demande pas si je suis solidaire de mes jambes ou de mon cœur.
Ils me sont absolument nécessaires.
Et l’angoisse, l’incertitude de l’avenir, le sentiment
qu’il risque de devenir de plus en plus difficile de faire du
théâtre, en se donnant le temps de la recherche et de l’invention,
ne sont pas des sentiments à prendre à la légère.
Le conflit, dont vous êtes informés par les médias,
est un conflit qui nous touche.
Les intermittents, artistes et techniciens, sont toujours en première
ligne pour la création des spectacles vivants, très rarement
en première ligne dans les budgets de nos théâtres.
Leur fragilisation économique va à contre-sens de la création,
de la prise de risque artistique, ou simplement de choix comme celui
de proposer des spectacles de qualité à petits prix pour
tous, adultes et enfants.
Comme la plupart de mes collègues directeurs de théâtres
publics, je tire la sonnette d’alarme. Je ne souhaite pas que
s’organise un métier à deux vitesses, avec des intermittents
rendus de plus en plus précaires et faisant vivre artistiquement
des théâtres qui n’ont pas la possibilité
financière de leur proposer des contrats à durée
indéterminée.
Le théâtre de l’Est parisien mène depuis
la rentrée une politique d’information, de sensibilisation
et de réflexion avec le public.
L’équipe artistique (intermittents engagés toute
la saison) et l’équipe permanente du théâtre
souhaitent vous associer aux cahiers de doléance de la culture
et que notre théâtre reste un lieu ouvert à la discussion
ainsi qu’aux propositions artistiques de combat comme le cabaret
du protocole, la chanson des intermittents pour les enfants…
La suite s’inventera avec vous.
Cordialement,
Catherine Anne